A 15 ans j’avais épinglé sur les murs de ma chambre un portrait du Général de Gaulle. Je voyais en lui, le rebelle, le réformateur, l’homme qui fit trembler l’Histoire. Quelques années plus tard, j’adhérais au RPR, comme simple militant. Je n’avais aucune intention de faire de la politique un métier, je voulais, au pire, être journaliste, et, au mieux, guide de montagne. Par goût de l’espace, par souci d’indépendance.
Les circonstances ont fait que je suis tombé dans la vie politique par hasard à 27 ans. C’était en mai 1981, ma première élection, comme député de la Sarthe, au premier tour, en pleine vague rose. La conscience de mes responsabilités nouvelles, associée à l’émotion d’une victoire obtenue de haute lutte, me laisse un sentiment inoubliable. Sans expérience, je prenais la suite de Joël Le Theule, un homme que j’estimais. J’ai senti à ce moment là que ma vie prenait un tournant, même si j’étais à cent lieues d’imaginer l’avenir.
Ma réélection en 1986 me permit de prendre la présidence de la Commission de la Défense nationale et des Forces Armées de l’Assemblée. Après avoir été le plus jeune député de la législature précédente, je devins le plus jeune président de commission de la Ve République.
Par la suite, les électeurs de la Sarthe m’ont renouvelé à 8 reprises leur confiance pour les représenter au Parlement et j’ai occupé à peu près toutes les responsabilités dans les collectivités locales : maire de Sablé, Président du conseil général de la Sarthe, Conseiller régional, Président du Conseil régional des Pays de la Loire.
De Philippe Séguin à Nicolas Sarkozy
Au lendemain de la réélection de François Mitterrand, je m’engageai à fond pour soutenir la candidature de Philippe Séguin à la présidence du groupe RPR à l’Assemblée nationale. Pendant 5 ans, à ses côtés, j’ai été de toutes les tentatives pour ouvrir le débat au sein de l’opposition. Ce sera l’aventure des rénovateurs en 1989, dont l’objectif était le changement de génération pour préparer l’avènement d’une nouvelle génération de droite qui aurait regroupé les gaullistes, les libéraux et les centristes. L’UMP avant l’heure en somme !
Entré au gouvernement en 1993 à la demande d’Edouard Balladur qui me confia le portefeuille de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, je me rangeai derrière lui à l’élection présidentielle. Parce que j’étais le seul séguiniste dans le circuit, parce que j’ai toujours entretenu avec Alain Juppé des relations personnelles amicales, je fus « rattrapé » dans le nouveau gouvernement qui suivit la victoire de Jacques Chirac en 1995. Ministre de la Poste, des Télécommunications et de l’Espace, je suis fier d’avoir ainsi pu conduire l’une des grandes réformes de cette période qui, en mettant fin au monopole de France Télécom permit à la France de rentrer enfin dans la société de l’information.
Après la dissolution ratée de 1997, j’ai participé activement à la prise de pouvoir au sein du RPR, par Philippe Séguin. En 1999 je me portais candidat à la présidence du mouvement gaulliste. Cette candidature avait un double objectif. En premier lieu, je voulais préserver ce début de démocratie que nous avions instauré au RPR. Et puis, je souhaitais défendre, au sein du mouvement une vision moderne du gaullisme. Le combat était difficile, c’est le moins qu’on puisse dire. Pourtant le résultat ne fut pas celui que j’avais imaginé. Je suis fier de ma campagne, de l’esprit de débat et de démocratie que j’ai fait souffler sur le parti. Les 25 % de suffrages rassemblés ne me permirent pas de dépasser le premier tour. Et c’est, contre toute attente, Michèle Alliot-Marie qui, après une campagne très active, a été élue.
J’avais acquis au cours de la campagne intense menée à l’intérieur du parti, la conviction que déjà le temps du rassemblement était devenu nécessaire. Je n’eus donc de cesse, à partir de 1999, de prêcher ce large rassemblement de la famille. Dès 2000, j’entamais un tour de France pour défendre l’idée d’une fusion du RPR, du parti libéral et de l’UDF. ET j’ai la prétention de croire qu’il s’agissait là de l’acte naissance de l’UMP. Les choses changeront en novembre 2004, avec l’élection de Nicolas Sarkozy, à la tête de ce qui est devenu l’Union pour un mouvement populaire, au lendemain de la démission d’Alain Juppé, qui fut le premier président élu.
Je me suis battu pour que le RPR d’abord et l’UMP ensuite deviennent de vrais partis politiques modernes, c’est-à-dire des lieux ouverts de débats, de réflexion et de synthèse sur les problématiques de la société française et les moyens de l’action politique. Philippe Séguin avait fait franchir au mouvement gaulliste un pas décisif dans cette direction. Alain Juppé sera crédité de la création d’un grand parti de la droite et du centre que Nicolas Sarkozy avait réussi à installer durablement à la première place des formations politiques françaises. Il l’a fait avec son énergie, son talent mais surtout avec sa vision moderne du débat public.
Pendant ce quinquennat, j’ai vécu la déchirure de la disparition brutale de Philippe Séguin avec qui j’ai partagé des années de complicité politique, mais surtout personnelle.
L’alliance avec Nicolas Sarkozy
Avec Nicolas Sarkozy notre histoire, c’est l’histoire d’une alliance. J’ai appris la vie politique au côté de Joël le Theule, j’ai beaucoup appris au côté de Philippe Séguin. En 2004, j’ai accepté de soutenir Nicolas Sarkozy et j’ai choisi de faire alliance avec lui parce qu’il m’a semblé que c’était le meilleur candidat pour nous faire gagner les élections présidentielles en 2007. Au gouvernement, il avait montré des qualités d’homme d’État incontestables, à la tête de l’UMP il a dévoilé une vision exigeante de l’action politique.
J’ai toujours dit que mon soutien ne valait pas alignement sur toutes ses convictions. Nous sommes différents, nous n’avons pas la même histoire, pas le même parcours, mais nous partagions alors le même espoir de transformer la droite française afin qu’elle puisse apporter aux Français des réponses sur leur avenir. Lui comme moi ne pouvions plus continuer à accepter le renoncement, à accepter d’attendre éternellement que les réformes que nous défendions depuis des années ne se fassent pas parce qu’il n’était jamais temps de les faire. La rupture que nous appelions tous les deux de nos vœux n’était pas une rupture avec les valeurs républicaines qui fondent mon engagement politique, au contraire, c’était une rupture avec la manière dont la France était gouverné depuis 25 ans.
C’est avec cet état d’esprit que nous avons construit notre projet présidentiel. Il partait d’un double diagnostic. Premièrement, la France avait besoin d’être modernisée pour tenir son rang dans le XXIème siècle avec les pratiques et les politiques du XXème siècle. Il fallait rajeunir notre pacte républicain, renouveler notre socle social, libérer notre potentiel économique. Deuxièmement les Français avaient besoin d’être convaincus que le mouvement est davantage porteur d’espoirs que le statu quo. Nous voulions sortir des sentiers battus, rompre avec certaines logiques intellectuelles et politiques, engager la modernisation de la France et porter les Français à se dépasser. C’est fidèle à ce projet que nous avons gouverné la France pendant 5 ans et cette rupture historique nous l’avons accomplie.
Je suis fier d’avoir pu servir la France pendant 5 ans sous l’autorité de Nicolas Sarkozy. Tous les deux nous avons su trouver nos marques et un mode de fonctionnement harmonieux entre l’Elysée et Matignon. Pour mener à bien toutes les réformes, il fallait que le Président de la République et le Premier ministre et le gouvernement soient totalement unis et solidaires. Nous avons construit une relation de confiance et je suis fier d’avoir été son Premier ministre pendant 5 ans et de m’être pleinement engagé dans la campagne pour sa réélection parce qu’il était cette fois encore notre meilleur candidat.
L’élection présidentielle a été perdue sur le fil dans un contexte de crise économique et financière qui n’aura épargné aucun gouvernement européen confronté aux élections. Je ne regretterai jamais rien de ces années passées auprès de Nicolas Sarkozy. A ses côtés, j’ai cherché à agir avec sincérité, suivant l’idée que je me fais de l’intérêt national. Sur l’université, sur le service minimum, sur les retraites, sur les déficits, sur la sécurité, sur les investissements d’avenir notre pays s’est modernisé utilement et durablement. Nous avons tout fait pour protéger les Français des chocs de la crise. Je mesure les attentes, les déceptions occasionnées par cette crise. Je n’esquive pas mes responsabilités, mais je m’oppose à tous ceux qui illusionnent les Français sur les conditions exigeantes de notre prospérité économique et sociale
Un nouveau départ
Pendant ces 30 années, la politique m’a passionné. Pendant dix ans, je me suis complètement donné à mes fonctions gouvernementales. Je ne revendique aucun héritage. J’ai agi du mieux que je pouvais, avec mes qualités et mes défauts. J’ai aidé beaucoup de mes concitoyens qui en avaient besoin. J’ai souvent été un franc tireur dans ma propre famille politique J’ai beaucoup réformé. Bref j’ai fait mon devoir au service de la France et de la République et je crois être resté fidèle à l’inspiration de ma jeunesse qu’a été la figure du général de Gaulle, celle d’une épopée qui exige de tout donner.
Cette année, à l’occasion des élections législatives, j’ai choisi de solliciter la confiance des électeurs parisiens devant lesquels, je me présentais pour la première fois. C’est pour moi un nouveau départ. Je ne suis pas un parisien de naissance mais je suis un parisien de cœur. Et, Paris est ouvert à ceux qui l’aiment et qui veulent le servir d’où qu’ils viennent. Même si j’aurai toujours mes racines dans la Sarthe, cela aurait été presque malhonnête d’y revenir au bout de dix ans, alors que ceux qui se sont investis pendant ce temps avec passion et dévouement sont légitimes à revendiquer leur part de responsabilité. Sur les bancs de l’opposition, je ferai tout pour être digne de la confiance des parisiens, je saurai être sans faiblesse chaque fois qu’il m’apparaîtra que les intérêts du pays sont négligés par la majorité.
Collectivement, un nouveau départ s’impose aussi à nous.
François Hollande est notre nouveau président de la République. La Nation s’est exprimée et le choix du peuple doit être accepté avec respect. Je remercie avec émotion toutes celles et tous ceux qui ont voté pour Nicolas Sarkozy. Avec eux, j’ai défendu l’action et le projet que portait le Président sortant. Le temps n’est pas aux regrets ou aux remords.
Sous les polémiques dérisoires et les comportements misérables vis à vis de Nicolas Sarkozy, le bilan des cinq dernières années est impressionnant et ne manquera pas d’être réévalué très rapidement par les Français.
Mais notre responsabilité n’est pas de commenter le passé, il appartient aux citoyens. Notre responsabilité est d’être des garde-fous et des éclaireurs.
La gauche détient tous les pouvoirs et la voici face à ses responsabilités. Je veux espérer, parce que c’est que l’intérêt de mon pays, que le Président de la République et sa majorité sauront préserver l’intérêt national contre les engagements partisans car devant la gravité et devant l’urgence de la crise européenne la France n’a pas le droit à l’erreur. La France vit des temps difficiles, et nous devons lui être utiles, par nos valeurs, par notre courage, par notre lucidité. La force de la nation dépend de notre force de caractère. L’idéal républicain doit nous élever au dessus des peurs, de la tentation des extrêmes et des divisions. C’est ce qui a toujours guidé mon engagement. Je crois en l’honneur de la Droite et du Centre qui doivent unir leurs efforts.
Le temps du renouveau et de la reconquête doit être engagé. L’UMP doit proposer un projet sérieux et incarner l’intérêt national pour rassembler une majorité de Français. Parce que nous ne sommes pas dans un faux plat de l’Histoire mais bien au cœur d’une crise aiguë qui menace directement notre mode de vie, nous avons plus qu’un devoir d’opposition, nous avons un devoir de résistance. Nous devons alerter sans relâche nos concitoyens sur le drame qui se prépare et concentrer nos efforts sur la préparation d’un programme de redressement national à la hauteur des dangers que nous courons.
C’est pour cela que je suis candidat à la présidence de l’UMP.
Je le fais avec la volonté de servir une cause politique qui dépasse largement nos destins personnels. Je le fais avec la volonté de préserver l’unité de notre mouvement. Je le fais avec la volonté d’aller à la reconquête des Français et des territoires en 2014.
Les époques passent, les temps changent, les épreuves surgissent et ressurgissent, mais la France, elle, doit demeurer. Malgré les coups durs, elle doit se battre, elle doit se redresser, elle doit se relancer ; et elle le fera. Elle le fera, parce que nos élus et nos compatriotes se comportent avec la dignité et avec la solidité qui distinguent les grandes nations. Les Trente Glorieuses sont bel et bien derrière nous, mais les 30 prochaines années ne dépendent que de nous. Nous avons, désormais, une responsabilité historique : celle d’inventer la France du 21ème siècle pour construire la prochaine alternance dès 2014 avec les élections municipales et en 2017 au plan national.
J’y contribuerai de toutes mes forces au service de la France et au service de la République.
Parcours
Fonctions ministérielles
- Premier ministre, du 17 mai 2007 au 15 mai 2012
- Ministre de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, du 23 février au 15 mai 2012
- Ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, de 2004 à 2005
- Ministre des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité, de 2002 à 2004
- Ministre délégué chargé de la Poste, des Télécommunications et de l’Espace, de 1995 à 1997
- Ministre des Technologies de l’information et de la Poste, 1995
- Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, de 1993 à 1995
Fonctions politiques
- Conseiller politique de Nicolas Sarkozy, président de l’UMP de 2004 à 2007
- Membre fondateur de l’Union en Mouvement, 2002
- Président de l’association France.9, depuis 2002
- Conseiller politique du RPR, de 1999 à 2001
- Porte-parole de la commission exécutive du RPR, 1998
- Secrétaire national du RPR, chargé des fédérations, en 1997
Fonctions électives
- Elu député de Paris le 17 juin 2012
- Elu député de la Sarthe en 1981, réélu en 1986, 1988, 1993, 1997, 2002 et 2007
- Elu sénateur de la Sarthe en 2004, réélu en 2005
- Conseiller régional de 2004 à 2007
- 1er vice-président du conseil régional des Pays de la Loire, de 2002 à 2004
- Président du Conseil régional des Pays de la Loire, de 1998 à 2002
- Maire de Sablé, de 1983 à 2001
- Président du conseil général de la Sarthe, de 1992 à 1998
- Vice-président du conseil général de la Sarthe, de 1981 à 1992
- Président de la communauté de communes de Sablé-sur-Sarthe, depuis 2001
- Conseiller municipal de Solesmes (Sarthe), depuis 2001
Carrière
- Chef du service des travaux législatifs au cabinet d’André Giraud, ministre de l’Industrie, 1981
- Chef adjoint du cabinet de Joël Le Theule, ministre de la Défense, 1980
- Chef adjoint du cabinet de Joël Le Theule, ministre des Transports, de 1978 à 1980
- Assistant parlementaire de Joël Le Theule, député de la Sarthe, de 1976 à 1977
- Stage à l’Agence France-Presse (Paris), 1976
Etudes
- DEA de Sciences Politiques à la Fondation nationale des sciences politiques (Paris), 1978
- DEA de Droit Public à l’université René Descartes (Paris), 1977
- Maîtrise de Droit Public à l’université du Maine (Le Mans), 1976